L’Été n’existe pas21.06.2024
Il n’y a pas d’été pour le peuple palestinien, comme il n’y a plus eu d’automne et pas eu d’hiver et pas de printemps. Il y a les ruines et les yeux des martyr·es et leurs corps et leurs sangs et avec, au milieu, les cris et l’enfer des vivant·es. Ce n’est pas tant la violence de cette mort partout en soi qui est extraordinaire, elle a presque un siècle d’histoire, mais le fait qu’elle se déroule au vu et au su de toutes et de tous, depuis tout ce temps, et par nos écrans depuis, ici : la violence coloniale impérialiste immédiate, en direct, en stories, en 4K. L’Occident l’aidant, elle emporte partout, dans sa quête folle d’anéantissement - c’est son système - ce qu’il reste de temps, et supprime l’automne et l’hiver et supprime le printemps et l’été, pour ne laisser que ce que sait laisser un Empire : son néant. L’Été n’existe pas pour les palestinien·nes, les images et les vidéos oui. C’est le premier jour de l’été 2024, ici, aujourd’hui, j’ai vu 9 mois de génocide, et toi ?
Les yeux grands ouverts20.06.2024
C’est une vidéo d’un prisonnier palestinien qui a été torturé, les yeux grands ouverts, de peur et d’atrocité mais surtout d’état d’alerte, il n’est plus qui il était. Il est un survivant mais qu’en reste-t’il vraiment ? Vous avez peut-être vu ses yeux aussi et ces autres, partout, qui disaient « All eyes on Rafah ». Rafah se meurt toujours autant, même avec moins d’images, pour combien d’autres prisonniers partout, comme lui, torturés par l’occupant, quelque part, aux yeux ouverts hallucinés, qui répondent aux nôtres impossibles à fermer ? Ne détournez pas vos yeux des siens ni de celles et ceux qui instrumentalisent sans cesse l’antisémitisme immonde jusque dans ses victimes ici. Il ne suffit pas de rester concentré·e contre chaque violence, il faut garder les yeux grands ouverts pour en avoir toujours et partout conscience. Regardez l’enfer du sionisme, du colonialisme, le génocide, regardez l’antisémitisme et l’Islamophobie ici, regardez nos enfants et les yeux de cet homme palestinien torturé : notre humanité.
Et pendant, dans l’air18.06.2024
Pendant qu’on parle partout de l’extrême-droite ici, le génocide est toujours guidé, partout, par l’extrême-droite, là-bas. On ne peut pas soutenir les palestinien·nes là-bas, si nous ne sommes pas fort·es sur nos appuis, ici. On combat pour garder de l’air, aussi, pour porter leurs voix, et pour cela il faut qu’il reste, encore un peu, d’air respirable ici. Alors on met la Palestine en nous comme on se mobilise et jamais on oublie. C’est la bascule d’un monde, dans l’air, là, et la lutte du peuple palestinien n’est et ne sera jamais la variable d’ajustement politique d’une élection, voyez surtout comme c’est le souffle d’air qui nous pousse plus fort encore, antiracistes, anti-impérialistes, internationalistes. De l’air donc, pour être dignes de celles et ceux qui n’en ont plus là-bas, de l’air de pompe à vide, l’extrême-droite, ses récits, comme de l’air ses mécaniques, et au-dessus de nous, Incha’Allah, de l’air encore, un autre, pur, vivant, pour sur les feux des Empires faire souffler les vents.
Dans la flamme du feu en liberté,
Dans les veines des hommes.
Dissous-toi, ou répands-toi, cendres ou beauté !
Que dit le vent ?
Nous sommes le vent. Nous sommes le vent.
Nous sommes le vent...
محمود درويش
Mahmoud DarwichTelle est son image, et voici le suicide de l’amant, 1975
Temps réel irréel16.06.2024
Il y a les heures sur les captures d’écrans archivées, pas les noms, pas toujours les mêmes fuseaux horaires mais toujours la même horreur, à toute heure, en insomnies, en images reçues, ici, pas toujours reçues parfois, pas vues ou pas encore et après on verra quoi ? C’est un flux de réel, notre temps vivant, à nous, et, le temps arrêté du peuple palestinien génocidé à toute heure, pas les mêmes morts, d’autres encore, en temps réel, alors, en archive instantannée, au présent, le monde dans lequel on vit, vraiment ? C’est le temps de l’effroi continu, depuis des mois, irrespirable ici, parce que partout est l’extrême-droite, si bien qu’on ne sait plus ce qu’est le temps parfois. « Ce n’est pas un génocide », non, c’est bien plus que cela. C’est notre cadran solaire, dans ce temps réel irréel d’une extermination en train de se faire, à toute heure, dans l’impunité, documentée, et ne compte alors vraiment que le soutien à la résistance armée.
genocidoimpunité ™14.06.2024
Si tu ne crois pas que le peuple palestinien, qui documente en direct son propre génocide depuis neuf mois est génocidé, comme le disent aussi les spécialistes du droit international, pas nous, les gens du droit, partout, sur tous les continents, si la parole des génocidé·es survivant·es ne suffit pas, est-ce que tu crois au moins les soldats de l’armée génocidaire qui documentent et publient en direct le génocide qu’ils mènent ? Parce qu’ils veulent que tu le saches, ils font tout pour, tu vois. Tsahal à la gueule du monde, là : regardez ! Et alors ? Vous allez faire quoi ? C’est en ce moment, en direct, un peuple en train d’être effacé, sous nos yeux, par nos écrans, neuf mois, et un siècle avant, les bourreaux produisant aujourd’hui leurs propres images, parce qu’infiniment impunis, sous nos yeux, par nos écrans. Toi qui ne vois ni ls martyr·es ni les survivant·es, est-ce que tu vois leurs génocideurs génocidant et s’en vantant, ce que ça dit. Et alors ? Tu vas faire quoi ?
C’est une photographie. On y voit une rangée d’hommes, déshabillés, défilant, prisonniers, humiliés, en colonne, certains semblent très jeunes. Ce sont des palestiniens, des pères, des frères, des enfants. Je ne sais pas qui ils sont, je ne connais pas leur histoire. Je ne sais pas ce qui vient après, s’ils sont morts aujourd’hui comme tant d’autres ni si on le découvrira alors, comme on découvre chaque jour des charniers. C’est une photographie prise par David Stein, soldat de tsahal, publiée sur son compte facebook pour montrer à sa famille et ss ami·es sa fierté et la montrer au monde, qui la regarde, parce que tout le monde sait. C’est une photo d’extrême-droite, la même qu’ici, il n’y en a pas de différente. C’est l’histoire contre l’humanité. Une photo comme il y en a des millions en Palestine occupée. La photographie a été supprimée.
“Depuis le 7 octobre 2023, Israël détient un nombre inconnu d’hommes palestiniens dans des camps, dont elle refuse de reconnaître le statut de prisonniers. Il ne s’agit pas d’un détail : en considérant que ces hommes-là ne sont pas des détenus légaux, Israël s’octroie un blanc-seing pour échapper au droit international qui est supposé encadrer les conditions de détention, de respct des droits mais aussi interdire ls actes de tortures sur les prisonniers”
— Rayan Freschi, CAGE International
Quoi comment alors mais
10.06.2024
Et des gens, blancs, écriront, à la fin du génocide, si son enfer se termine un jour, celui que tout le monde aura vu, et diront comment-ça-a-pu-être-possible, comme l’histoire l’a toujours cyniquement montré et écriront sur l’extrême-droite, quoi, comment, l’antiracisme moral, le vernis colonial, les laisser-faire sans encombres, l’immondice, alors, mais Hanouna, Bolloré, le rien laissé à l’école, à l’hôpital, aux quartiers. Oh il y a des vis arabes et des vies noires et des vies asiatiques et des vies dominées et ces vies-là sur nos écrans, ils n’étaient donc pas en plastique ces enfants de Palestine ? Mais alors, vraiment, vous n’étiez pas antisémites ? Quoi qu’il advienne de l’après, de « leur » unité, pas de chance, arabes et/ou noir·es et/ou musulman·es, antiracistes, antisionistes, internationalistes et/ou à la vie exploitée et/ou barbares infinis et des fronts populaires, des vrais, « gauche » si tu nous lis, on n’est pas de celles et ceux qui oublient.
Nous, en faction sur les lignes de feu,
nous proclamons ce qui suit :
Nous n’abandonnerons pas la tranchée,
Tant que durera la nuit.
nous proclamons ce qui suit :
Nous n’abandonnerons pas la tranchée,
Tant que durera la nuit.
محمود درويش
Mahmoud Darwich
La Qasida de Beyrouth
Politiser l’effroi
06.06.2024
L’archive ce n’est pas juste pour la mémoire. C’est aussi reprendre le temps, celui qu’on a perdu, dans la sidération, l’accumulation, le plus-de-recul, la superposition d’horreurs et de dingueries, revenir sur chaque séquence, les martyr·es, chaque nombre une vie, chaque enfant une enfance, chaque partie de terre un enfer, revenir sur l’horreur, les noms écrits sur des missiles à commencer par celui de Rima, les “bébés en plastique” d’Estrosi, la marche contre l’antisémitisme à Paris aux côtés de l’extrême-droite et tant d’incroyables encore. Demain est là et il faut se souvenir de tout. C’est le devoir de chaque personne qui lit, ici, pour chaque échéance à venir, chaque élection, chaque lutte. La Palestine a si bien fait le tri : à celles et ceux qui restent et qui savent et qui voient et qui font et se tiennent, il faut faire de nous-même l’archive vivante du génocide, par toutes les images en nous de ce temps tant perdu.
Motaz
05.06.2024
Motaz Azzaiza a 25 ans à la date de publication de ce texte, il a été nos yeux, comme tant d’autres aux gilets pare-balles bleus floqués d’un PRESS, ce repère coloré, flottant au visage de toutes celles et ceux qui ne veulent pas voir Gaza, quelque part toujours dans une image, devant une caméra, deuxième peau inséparable, pendant des mois, déambulant dans les ruines fumantes, découvrant parfois lui-même, en direct, des corps d’enfants sous les décombres, debout dans l’horreur, se tenant devant l’indicible. Motaz a reçu hier le prix Liberté 2024 de la région Normandie, en France, contesté par les député·es de la majorité présidentielle : quelle représentation politique d’un État complice, au monde, peut être aussi honteuse ? Motaz est dans l’histoire bien plus qu’elles et ils ne le seront jamais, comme tout le peuple palestinien, ses martyr·es et ses vivant·es et ses réfugié·es et ses résistant·es. Motaz Azzaiza n’a même pas besoin de prix, ni son peuple, qu’importe, Palestine est éternelle.
Sur palestineecransmemoire.com il y a des centaines de stories archivées, pour la mémoire, avec et sur Motaz, des mots posés sur son visage, ses vidéos, des mots d’enfer et d’effroi, des mots sur ses silences aussi, comme quand il n’y a plus d’images venant de lui et qu’alors on pense à la mort, comme on pense aux survivant·es dont les cagnottes se multiplient, partagées, par nous-mêmes, parce que personne d’autre ne fait et qu’on génocide un peuple, en ce moment, et que tout a commencé ici, par cet écran, avec Motaz, avec Plestia, avec Hind, avec Bisan, avec Wael et tou·tes les autres aux vies perdues et à leurs proches, aux feux de l’immondice sioniste aux yeux du monde. Nous n’oublierons jamais. Ni Motaz ni les autres, ni pour l’histoire présente ni pour l’histoire d’après. Palestine vivra. Et avec elle tou·tes les martyr·es, génocidé·es, au réel du-dehors de cet écran, là.
Intifada infinie
30.05.2024
Le dire : il n’y a pas eu de bébés égorgés le 7 octobre 2023, c’est débunké. Il n’y a pas plus de “guerre” contre le Hamas depuis 8 mois. Son prétexte est l’effacement d’un peuple, avec l’appui de l’Occident. Le dire : l’antisémitisme est né en Europe et juif·ves et musulman·es n’ont rien à voir là-dedans. Il ne s’agit pas de religion mais de justice. Cette image de bébé décapité, que tout le monde a vu, était palestinien. J’ai lu quelque part, “décapité avant d’avoir su parler”, dans la sidération je n’y avais même pas pensé. Israël est le projet du silence. Devant son horreur nous avons nos voix. Soyons ces cris, infinis, pour le peu d’humanité qu’il reste. Multiplions l’intifada, digitale, corps debouts, occupante, parce que nous sommes vivant·es, et parce que nous sommes conscient·es. Rien en notre nom sinon la honte, et que nos colères soient révolutionnaires. Dieu seul sait de quoi demain sera fait, si seule est sûre une chose : demain sera palestinien.
Plus rien ne tient
27.05.2024
On ne peut plus. Dire quoi encore que ce qui est dit depuis 7 mois et demi et qu’on ne vit même pas, nous, sinon de vides immenses, quoi de ces images, des flammes, de corps à vif, de cet homme qui tient dans ses bras un bébé palestinien sans tête, de ce bébé dont on ne connaît pas le prénom, semblable à tous les autres enfants de Palestine, de ces enfants de Palestine massacrés, exterminés, dans la forme de violence la plus inouïe, qui renvoie à la communauté internationale ses propres excréments d’humanité mdr. GÉNOCIDE, depuis le premier jour. Parce que c’est pire parce qu’on sait. Que meurent vos idéaux et dénoncez-nous dire Vive la résistance et crevez de vos silences, que la honte vous enterre et emportez votre Occident. C’est l’histoire sous nos yeux, dans les larmes, l’effacement d’un peuple, un siècle, aux yeux du monde, mais au présent. Et plus rien ne tient. Que reste t-il de Vivre, hein ?
Hind Rajab, 6 ans, il y a 3 mois
12.05.2024
Pas la même vie mais le corps, nos enfants, tu y penses ? Qu’est-ce qu’on va dire aux nôtres ? De ceux vivants, de ceux à naître, pendant que d’autres enfants, en Palestine occupée, meurent sous les bombes, par les massacres, génocidés, et qu’on le sait et qu’on regarde et qu’on le crie. Que doit-on dire de l’histoire, pour l’histoire, quoi raconter du vide d’ici, des images, de l’autour, de ce pays ? À part : semer des graines, c’est dans la peau. À part : leur confier les demains, sinon quoi d’autre ? Pas la même vie mais un seul corps. À Paris, à Gaza, à Rafah, dans les camps, sous la terre, en photos comme en en chairs, sur nos écrans, tu vois.
Et ceux qui naîtront
Ils naîtront (...)
Des éclats,
Et naîtront
Des miroirs,
Et naîtront
Des défaites,
Et naîtront (...)
Des bourgeons
Et naîtront (...)
Sans fin
Ils naîtront (...)
Des éclats,
Et naîtront
Des miroirs,
Et naîtront
Des défaites,
Et naîtront (...)
Des bourgeons
Et naîtront (...)
Sans fin
محمود درويش
Mahmoud Darwich
La Qasida de Beyrouth